Jean-philippe Gams / WuGong / 2021 / July

Chen FaKe

Chen Fake naît en 1887 à Chenjiagou, un petit village de la province du Henan. Son grand père est le célèbre grand maître de Taijiquan Chen Changxing qui enseigna le Taijiquan à Yang Luchan (le fondateur du style Yang). Son père Chen Yangxi est aussi un expert réputé en Taijiquan ainsi qu’un médecin, et il a déjà plus de 60 ans à la naissance de Chen Fake (Chen Fake a alors deux grand frères, qui perdront tous deux la vie dans leurs jeunes années).

Sa santé est fragile, il est très jeune et il n’a pas l’air passionné par l’art martial familial. A 14 ans, ses parents se plaignent souvent de lui, le trouvant paresseux et peu enclin au travail du Taijiquan. A la fin de sa puberté, le père de Chen Fake doit quitter le village pour des raisons professionnelles, et c’est un cousin de Chen Fake prénommé Chen Boqu « le taureau » qui est chargé de venir aider la famille de Chen Fake dans les travaux agricoles.

Chen Boqu « le taureau » fait l’admiration des pratiquants de Taijiquan dans tout le village, bien qu’il blesse souvent ses partenaires dans la pratique. Chen Fake est touché dans son amour propre, et souhaite revendiquer sa lignée. Il reprend sérieusement l’entraînement au côté de son cousin, mais son retard dans la pratique est important. Chen Fake a alors une idée: Il doit s’entraîner beaucoup plus que son cousin, mais sans que ce dernier soit au courant. Il commence à se lever la nuit, alors que tout le monde dort, et s’entraîne en cachette dans sa chambre. Pendant que tout le monde fait la sieste après le repas, il s’entraîne aussi. Il continue ce régime de forcené jusqu’en 1904 (Il a alors 27 ans), et lance un défi à Chen Boqu. Ce jour là, les deux cousins s’affrontent à trois reprises, et à trois reprises, Chen Fake fait chuter « le taureau ». Son cousin l’accuse alors d’avoir utilisé un secret de famille.

Il le somme de révéler au village son précieux héritage. Chen Fake accepte, et offre son plus grand secret : « C’est le travail ». Toute sa vie durant, Chen Fake continuera de travailler durement. On dit qu’il exécutait la grande séquence 30 fois par jour, et les exercices de bases 300 fois par jour.

Ainsi, en quelques années, Chen Fake règle définitivement ses problèmes de santé et acquiert un excellent niveau. Son père le choisit comme 17ème successeur du Taijiquan style Chen, et Chen Fake se fait rapidement connaître. De nombreux maîtres de Taijiquan viennent le rencontrer pour l’affronter, mais il est déjà quasiment imbattable.

En 1928 (Il a alors 41 ans), Chen Fake est invité à Pékin pour enseigner le Taijiquan. Comme le veut la tradition, il doit alors répondre à tous les défis proposés pendant 17 jours consécutifs. Il sortira invaincu de cette période, après avoir affrontés de nombreux experts dans toutes les disciplines (Bagua, lutte,…), et ce sans jamais blesser personne. Les habitants de la capitale commencent à découvrir l’efficacité de l’art martial de la famille Chen qui était jusqu’alors resté secret. Chen Fake décide d’ouvrir son patrimoine familial au monde, et enseigne le Taijiquan à de nombreux disciples. Jusqu’à la fin de sa vie, il démontrera sa supériorité à travers le monde martial, mais sans jamais se faire d’ennemis. Bien au contraire,

il meurt en 1957 à 71 ans avec de très nombreux amis et élèves à travers toute la Chine qui louaient son grand sens moral, sa sincérité.

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